Le chaux-chanvre : durable et d'avenir
Arnaud Evrard, ingénieur civil architecte, vient de boucler une thèse sur le comportement hygrothermique du chaux-chanvre. Un matériau d’avenir dans la construction durable. Il recommande l'utilisation du chaux-chanvre tant dans les constructions neuves que dans la rénovation.
Sur son bureau, un échantillon de copeaux de chanvre liés par de la chaux. Un coup d’oeil révèle que les livres empilés ça et là y font de près ou de loin référence: L’architecture durable, Construire en chanvre, etc. C’est sur ce sujet qu’Arnaud Evrard, chercheur à l’Unité d’architecture et d’ingénierie architecturale (EPL), a présenté sa thèse fin mai. L’histoire remonte à son mémoire en 2001 durant lequel il a conçu un projet —fictif— d’entreprise qui puisse produire du chaux-chanvre à Namèche
La Quinzaine: Du mémoire au doctorat, il n’y avait qu’un pas…
Arnaud Evrard : C’est vrai. Je me suis passionné par le sujet. Juste après mon mémoire, j’ai été chargé par l’association française «Construire en chanvre» de faire une synthèse des recherches existantes surce matériau. Beaucoup d’ingénieurs avaient travaillé sur les propriétés physiques et mécaniques des bétons de chanvre, un peu sur l’acoustique, mais bien peu sur la thermique et quasiment personne sur l’influence de l’humidité sur ses performances.
Or, ce matériau n’est pas spécifiquement porteur. Par contre, il est isolant et peut se charger et se faire traverser par une quantité relativement importante d’humidité. Quand je suis revenu en Belgique, j’ai recontacté André De Herde, mon promoteur, avec un projet de doctorat.
Quel était votre projet? Qu’avez-vous cherché à prouver ?
Des témoignages affirmaient que le chauxchanvre était plus isolant que ce que la théorie ne permettait de le croire. Comment l’humidité transfert-elle dans ce matériau? Comment réagit-il aux variations rapides de températuresintérieureetextérieure? J’ai défini des parois types et simulé, à l’aide d’un logiciel appelé WUFI, leurs comportements dans un climat belge influencé par la pluie, le soleil, le vent. Je me suis formé à l’utilisation du logiciel et j’ai récolté les mesures nécessaires sur le matériau au Fraunhofer-Insitut für Bauphysik( enBavière, là où WUFI a été développé).
Qu’en avez-vous conclu?
En fait, pour une épaisseur équivalente, le chaux-chanvre est très compétitif du point de vue thermique, mais ce qui fait son réel intérêt est son comportement dynamique. Les résultats montrent une forte inertie thermique et hydrique, c’est-à-dire une capacité à stocker chaleur et humidité et à les rendre petit à petit. Cette inertie combinée à une température de surface élevée et d’autres effets plus complexes (chaleur latente) permet d’obtenir un sentiment de confort accru dans les constructions dans lesquelles il est utilisé.
C’est donc une des voies de l’architecture durable ?
Oui, il a des performances attractives et un bilan global très intéressant : faible énergie grise, stockage de CO2, recyclable, adapté tant à la rénovation qu’aux constructions neuves, etc.
Vous l’utiliseriez dans votre maison?
Je l’ai utilisé pour isoler des murs intérieurs. J’aurais pu le faire pour le toit mais le temps de séchage est long et le bâtiment devait être occupé rapidement. Mais je prévois de monter encore quelques cloisons.
Propos recueillis par Alice Thelen
| 26/06/2008 |
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